Après plus de 6 mois sur les routes et chemins, en passant par cette belle nature, ces petits villages ou encore parfois de grandes villes, notre pèlerinage vers la Terre Sainte se termine.
Souvenez vous, avant de partir, nous vous disions que ce chemin était le chemin international de la Paix. De façon très humble, nous avons pu le constater, le vérifier au travers de toutes nos merveilleuses rencontres et cela sans exception dans les 13 pays traversés.
Combien de fois, nous sommes nous demandés, qui sommes nous pour mériter tant de gentillesse, tant d’attentions ?
Pourquoi tant d’inconnus nous ouvraient-ils si facilement leur cœur et les portes de leur maison ? Serions-nous capables de faire la même chose ?
Nous venions en inconnus et très souvent le lendemain matin, nous repartions en amis. Quel immense bonheur pour nous d’avoir pu vivre de telles rencontres aussi chaleureuses!
Alors que nous remercions du fond du cœur toutes ces personnes, celles-ci nous répétaient inlassablement que ce sont elles qui nous remercient de nous être arrêtés chez elles, de leur accorder un peu de temps, de partager avec elles notre pèlerinage. Ces personnes recevaient de vrais pèlerins se rendant à pied à Jérusalem et non pas des touristes ou encore des randonneurs de passage. Combien de fois, nous demandait-on la permission de nous prendre en photos ou encore nos coordonnées. (téléphone, blog, e-mail)
Que dire aussi de toutes ces personnes qui nous donnaient si souvent des provisions pour la route ou tout simplement des fruits de leur jardin ou même parfois de l’argent ?
En fait, merci à vous tous, pour votre générosité, vos encouragements, votre bonté. Vous nous avez tellement donné que jamais nous ne vous oublierons.
Jamais nous n’oublierons ces poignées de mains si chaleureuses, ces embrassades, ou plus simplement, ces regards qui en disent long. Grâce à vous, nous avons beaucoup ri et souvent pleuré de bonheur.
Aujourd’hui, nous pouvons et nous devons affirmer que l’homme est fondamentalement bon, peu importe ses origines. Nous ne pouvons que vous encourager d’aller à la rencontre de l’inconnu, de votre prochain. Dans la traversée de tous ces pays, jamais nous nous sommes sentis en danger, bien au contraire, il y avait toujours quelqu’un pour nous aider.
Par contre, nous devons aussi témoigner des tensions dans certains pays.
Les habitants du Kosovo restent convaincus que tôt ou tard la guerre fera son retour dans leur pays. Aujourd’hui, la KFOR, toujours présente sur le terrain, veille à ce que le pays ne s’embrase pas. Au nord de la ville de Mitrovica, la population serbe essaiera de nous dissuader d’aller vers le sud où, d’après eux, nous risquerions pour notre vie. Au sud, côté albanais, les serbes seront traités de criminels.
En Turquie, même si l’on essaie de minimiser les problèmes entre turques et kurdes, les tensions subsistent toujours. Bien sûr, côté turc, on nous dira que les kurdes sont parfaitement intégrés, mais la réalité est bien souvent différente. Sur le terrain, ils n’occupent la plupart du temps que des emplois subalternes.
Malheureusement, nous découvrirons une situation bien plus grave en Israël entre les communautés juives et arabes. A pied avec nos sacs à dos, en nous déplaçant de village en village, il nous sera un peu plus facile de nous faire une idée de ce qui se passe réellement en Israël. Officiellement, la Cisjordanie est occupée par les palestiniens, mais il n’est pas rare de voir se développer de plus en plus de colonies juives à l’intérieur de ce territoire. Un grand nombre de routes sont coupées, en y déversant des camions de terre, et tout cela, simplement pour compliquer la vie quotidienne de la population palestinienne. Tout est fait aujourd’hui pour que les palestiniens quittent Israël pour rejoindre la Jordanie ou encore l’Egypte. Savez-vous qu’un palestinien ne peut pas prendre l’avion à Tel-Aviv, il lui faudra rejoindre Amman en Jordanie ? Un jour, lors d’un des nombreux contrôles à un check-point, un militaire nous demandera d’où nous venons et spontanément nous lui répondrons que nous venons de Palestine. Stupéfaction pour nous, ce dernier, d’un ton froid, nous répondra que la Palestine n’existe pas.
Quelle tristesse pour nous de découvrir la colombe de la Paix, symbole même de notre chemin, revêtue d’un gilet pare-balles sur un de ces hauts murs séparant les israéliens des palestiniens.
Un des aspects forts de notre pèlerinage a sans aucun doute été la religion.
Ce chemin nous a permis de découvrir différentes religions et surtout de constater que finalement, elles ne sont pas si différentes les unes des autres. Dans toutes les communautés, à de rares exceptions, nous avons été bien reçus. Même si la tentation est grande de les énumérer toutes, nous ne pouvons pas le faire ici, ce serait bien trop long. Bien sûr nous n’oublierons aucun de ces prêtres, qu’ils soient catholiques ou orthodoxes ; ils nous ont tous accueillis avec la même chaleur. Nous apportons également une mention toute particulière aux pasteurs protestants qui nous ont ouvert eux aussi leur maison.
Nous n’oublierons pas davantage la religion musulmane avec ses Imams au grand cœur. A chacune de nos demandes d’hébergement nous obtenions une réponse positive, soit dans la mosquée, soit chez eux-mêmes, dans leur famille ou auprès de fidèles. Pouvoir affirmer, haut et fort, en terre d’islam, que nous étions chrétiens et que nous allions en pèlerinage à Jérusalem, comme un musulman irait en pèlerinage à la Mecque, a été à chaque fois pour nous un moment très fort et un intense bonheur. Bien souvent, on nous faisait comprendre que toutes religions confondues, nous avons tous le même Dieu.
Un grand merci également à toutes ces communautés religieuses, tant féminines que masculines, qui nous ont ouvert grand leurs portes et qui étaient si disponibles pour nous.
Quel bonheur également pour nous de pouvoir nous recueillir dans toutes ces églises, petites et grandes, de pouvoir allumer un cierge et prier pour nos familles, nos parents défunts, nos amis et vous toutes et tous rencontrés sur ce beau chemin.
Nous ne pourrions terminer sans parler de la Vierge Marie qui a toujours été à nos côtés et particulièrement dans les moments difficiles. Plusieurs fois, à la tombée de la nuit, alors que nous n’avions pas de logement, nous nous en remettions à elle.
Malheureusement, il n’en a pas toujours été de même.
Quelle déception pour nous lorsque l’église nous fermait ses portes, particulièrement l’église catholique, au début de notre pèlerinage. Difficile pour nous de comprendre que nous pouvions être rejetés de cette petite chapelle en Allemagne, alors qu’il pleuvait si fort, ou encore, à la fin de l’Autriche, lorsqu’on a coupé court à notre demande.
Déception encore plus grande, en Autriche, dans ces immenses monastères où on nous expliquait qu’il n’y avait pas de place pour nous.
Toujours de la déception et de l’incompréhension dans la grande cathédrale orthodoxe St-Sava de Belgrade quand on nous expliquera que nous n’aurons pas de cachet sur notre passeport pèlerin, en raison de notre appartenance à l’église catholique.
Par la suite, une des fidèles lectrices de notre blog nous expliquera qu’il ne faut en aucun cas juger l’église face à certains comportements de personnes qui, après tout, ne sont que des représentants de l’église. Merci à elle pour cet éclairage nouveau.
Tristesse encore de voir cet immense mur à proximité immédiate du couvent des sœurs de l’Emmanuel à Bethléem et d’apprendre qu’elles sont souvent considérées comme des moins que rien par les policiers israéliens. Merci à elles d’avoir peint sur ce triste mur une icône de la Vierge Marie faisant tomber les murs.
Encore et encore de la tristesse à Taybeh en apprenant que, pour pouvoir se déplacer librement dans le pays, les sœurs sont obligées d’être domiciliées à Jérusalem.
Petit coup de gueule aussi à cette religion business qui accueille, à bras ouverts, tous ces cars déversant des flots de touristes « pèlerins » malheureusement au détriment des pèlerins à pied. Autant, tout au long de notre pèlerinage nous nous sentions considérés et respectés, autant à Jérusalem, à Bethléem ou encore à Tibériade, nous avions l’impression de déranger.
Nous ne saurions terminer sans exprimer ici notre immense chagrin, à Jérusalem, face au mur des lamentations, où au lieu de pouvoir ensemble déposer les intentions de prières qui nous ont été remises tout au long de notre chemin, nous serons séparés. (pour la 1ère fois depuis plus de 6 mois).
Pour être complet, il ne nous reste plus qu’à vous parler de nous-mêmes, de notre physique et de notre mental.
Côté physique, comme dirait le docteur, RAS. De notre côté, nous avons envie de lui répondre, nous nous sentons encore bien mieux aujourd’hui que lors de notre départ le 2 mai.
Au début, grâce à un départ tout en douceur le long du Rhin et du lac de Constance, notre corps a pu se préparer à ce qui allait nous attendre durant les mois à venir. En dehors de quelques ampoules à soigner pour Geneviève, tout allait bien. Les 1ères fatigues, dues aux incessantes montées et descentes, commençaient à se faire sentir dans les Alpes Bavaroises.
Côté pluie, nous avons eu beaucoup de chance car nous n’avons que très rarement dû marcher des journées entières avec nos capes de pluie. On a eu, certes, de violents orages mais presque toujours de nuit.
En Serbie, à cause des températures extrêmes (plus de 40°) pendant une dizaine de jours, nous nous levions à 4 h, 4 h 30 pour marcher un maximum à la fraiche et pourtant nous avons souffert à cette période. A cause de ces fortes chaleurs, nous transpirions évidement beaucoup et par conséquent nous perdions énormément de sels minéraux et de vitamines. Quelques cachets de magnésium nous ont permis de parer à cette déficience.
Au Kosovo, à cause d’un chauffeur imprudent qui roula sur le pied gauche de Bernard, il a fallu que Geneviève se transforme en infirmière et que nous nous arrêtions quelques jours pour soigner la plaie.
Bernard nous fera également d’autres frayeurs lors de ses différentes chutes, notamment en Bavière, en Hongrie et en Serbie. A chaque fois, plus de peur que de mal, juste quelques égratignures sur la « carrosserie ».
Côté mental, il faut bien admettre qu’à plusieurs reprises nous commencions à douter. Pour nous, le fait de marcher à deux, nous a beaucoup aidé car lorsque l’un avait moins le moral, l’autre était là pour le rebooster.
Il est important aussi de le souligner, toutes ces rencontres éphémères, ces soirées passées en compagnie de nos anges d’un soir, comme nous les appelions, ou encore vous toutes et tous, en nous suivant et en nous encourageant régulièrement, avez largement contribué à la réussite de notre pèlerinage. Jamais sans votre soutien inconditionnel, nous n’aurions pu aller au bout. Merci aussi à celles et ceux qui, jour après jour, allumaient une bougie pour nous.
Il faut également le dire, l’arrivée de nos enfants, Guillaume au Kosovo et Marc en Grèce puis en Turquie, nous a donné cette nouvelle énergie nous permettant de continuer à y croire.
Autre élément déterminant qui nous a empêché d’arrêter à un moment ou à un autre, a été la mission que vous nous aviez confiée en nous demandant de déposer à Jérusalem, au mur des Lamentations, vos intentions de prières.
Presque tous les jours, nous partagions ce chemin avec nos parents décédés qui auraient sûrement été très fiers de nous. Il nous reste à remercier la providence qui ne nous a jamais quittés et bien sûr la Vierge Marie si importante pour nous. Mon Dieu merci de nous avoir guidés et protégés pendant tout ce pèlerinage.
Fiers d’avoir eu la force et le courage d’alimenter, jour après jour, notre blog, nous espérons que notre récit vous a un peu permis de rêver et de voyager, comme certains d’entre vous nous l’ont d’ailleurs dit.
Il n’y a pas si longtemps, un ami nous disait « je ne sais pas si un jour, dans ma vie, j’aurai l’occasion de visiter tous ces pays ».
Un autre de nos fidèles lecteurs affirmait que nous étions « des ambassadeurs de la marche au long cours »
Il ne nous reste plus qu’à vous dire deux choses :
– Merci, merci et encore merci.
– Allez marcher, ne restez pas devant la télévision, notre corps a besoin de bouger. Nous ne sommes qu’en apparence des sédentaires, mais au fond de nous mêmes nous sommes nomades.
Sans être médecin ou psy, nous connaissons, tous, les bienfaits de la marche, alors ALLEZ-Y.
Parmi vous toutes et tous qui nous avez suivis, si nous pouvions donner l’envie de marcher à certains d’entre vous, nous en serions si heureux. Bien sûr, pas forcément une si longue distance!
Aujourd’hui le chemin de Compostelle, avec ses innombrables possibilités d’hébergement, avec ses paysages pas trop vallonnés et, surtout, avec ses possibilités de portage de sac à dos pour ceux qui ne peuvent pas porter, peut être une alternative intéressante.